Décret du 17 juillet sur le journal

Voilà un peu plus de quatre mois que j’écris mon journal quotidien ici pour relayer mes aventures à vélo. Après mon fabuleux journal d’école dans le cadre de mon travail de maturité, c’est la deuxième fois que je me suis exercé à l’écriture publique. Quelle expérience intéressante ça a été !

Mon souhait, avant de commencer le projet, était d’écrire ici comme si je rédigeais mon journal intime: le même contenu, les mêmes pensées, mais posté publiquement, et voir ce que ça donnait. Boy oh boy, ça a été plus compliqué que je ne l’imaginais.

Dans mes journaux intimes, j’ai appris à être honnête avec mes émotions, à décrire mes ressentis les plus vulnérables et les plus compromettants, à descendre au plus profond de mon âme et tenter d’apporter sur la feuille la plus grande authenticité possible avec moi-même. J’ai rapidement remarqué qu’il était difficile d’être totalement honnête publiquement.

Que fait-on dans un journal ? Eh bien, on y fait un peu ce qu’on veut. À priori, il y aura toujours une part de description factuelle de la journée: décrire les évènements du jour, comme ils se sont passés (ou plus exactement, comme l’auteur les a vu et vécu). Cette partie sert principalement à écrire (au sens figuré) l’histoire de notre vie (en commençant par écrire celle de la journée). En gravant le récit de notre journée, on se permet de pouvoir y revenir dans le futur, et ainsi d’y replonger quand on veut comme un voyage dans le temps.

Une autre partie du journal est celui qui concerne le purement subjectif: non seulement la description des ressentis et des émotions, mais aussi l’analyse personnelle des faits. C’est cette partie qui est la plus intéressante et qui transforme le journal en outil personnel surpuissant, mais c’est aussi la partie la plus difficile à faire quand le journal intime est publique.

Cela paraît évident dit maintenant. Mais c’est quelque chose que j’ai pris du temps à remarquer pendant la rédaction et au fil de mon voyage et de mes rencontres, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec des personnes que je rencontrais. C’est avec Denis que j’ai compris que le plus grand problème était tout ce qui avait attrait, dans mes entrées, aux autres: ce que je pensais d’eux, comment je ressentais ce qu’on vivait ensemble, et n’importe quels de mes sentiments interpersonnels. Et c’est ensuite avec Jade et Tom que j’ai compris l’importance de la temporalité de la publication des journées: la délicatesse croit d’autant avec la fraîcheur des entrées.

Avec ces questionnements continus qui m’accompagnaient doucement, j’ai continué la rédaction du journal quotidiennement. Tant bien que mal, puisque cela me prenait un temps fou tous les jours: en comptant l’écriture, l’importation des photos, la mise en page, la publication, tout cela sur mon petit téléphone, je devais compter en moyenne entre deux heures et deux heures et demies de travail par jour. Après avoir pédalé toute la journée, puis monté ma tente et cuisiné, lorsque je trouvais encore ce temps pour écrire, j’étais souvent bien trop fatigué pour m’ateler à cette tâche mentalement énergivore. Je planifiais donc souvent des journées de « congé » dédiées entièrement à mon journal. Mais là encore, l’aventure parfois me saisissait opportunément et je devais alors dédier une nouvelle journée au rattrapage, avec une journée supplémentaire de retard ! À un certain point, cela en devenait presque ridicule.

Pour toutes ces raisons, après des réflexions approfondies, j’ai décidé en ce jour d’émettre le décret suivant pour palier au problème:

  • Cessation du journal quotidien sur le site (ne remplit pas l’objectif principal + investissement en temps trop grand).
  • Passage à des postes plus spontanés sur le blog (changement de rythme et nouveau intérêt pour le lecteur).
  • Achat immédiat d’un nouveau cahier et reprise du journal intime à plein temps.

Je suis content d’avoir fait cet exercice pendant quatre mois. C’était un travail très intéressant pour moi et dont le résultat permet de s’immerger dans un tel type de voyage (à ma façon), que ça soit pour le lecteur tiers ou moi-même dans le futur ! Je me réjouis de voir ce qu’un format plus libre et moins constrit dans la forme et le fond apportera au blog. Et surtout, surtout, je me réjouis d’enfin retourner à mon vrai journal intime, là où les choses les plus croustillantes se passent, où le piment le plus savoureux et le sucre le plus confit se goûte, là où l’encre peut librement pleurer les larmes du cœur et faire s’effondrer les échafaudages de l’esprit pour se reconstruire et grandir. Mais tout ça, cher lecteur, ça restera entre lui et moi !

J’en profite pour remercier Clémence qui a fait le travail de corrections orthographiques et grammaticales dans mon journal chaque jour pendant ces quatre mois. 👩🏻‍💻😘

EDIT: J’ai eu la chance, pas plus tard que le lendemain, de tomber sur un cahier dont la couverture me plaisait énormément, dans une petite papeterie du Péloponnèse! Magnifique !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Google Translate »