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Plage de Lukovë.
Je suis rĂ©veillĂ© tard par Thea et Rafael, qui sâen vont, et les autres sont dĂ©jĂ partis aussi dans leur van respectif. Il ne reste plus quâAlicia et Alban, et dâailleurs je ne sais pas oĂč ils sont en ce moment. Je marche donc jusquâĂ la plage, pas encore bien rĂ©veillĂ©, somnolent, et quelque peu mĂ©lancolique suite au dĂ©part des Allemands, avec qui je passais la plupart de mon temps. Jâarrive sur le sable fin chauffĂ© par le soleil ardent pour le rĂ©gal de la plante de mes pieds, que jâadore gratter et frotter sur ces petits grains pour un massage naturel qui remonte mes nerfs et touche tous les organes de mon corps par on ne sait quelle magie de rĂ©flexologie chinoise jusquâĂ titiller doucement les rĂ©cepteurs du plaisir de mon cerveau. Je grimpe un tout petit monticule créé sur le sable, haut de peut-ĂȘtre quarante centimĂštres, seulement, mais qui se dĂ©marque car ce nâest pas souvent quâil y a des petits tas de sable comme cela sur une plage balayĂ©e continuellement par le vent et par lâeau et par les baigneurs, et donc sur le sommet de ce monticule je domine maintenant trĂšs lĂ©gĂšrement mon environnement, et je sens le vent frais venant de lâhorizon marin me caresser le visage. Je plisse alors les yeux et regarde au loin. Ah, la mer. Le paradoxe de son horizon que lâon perçoit comme parfaitement plat et lâinfinie complexitĂ© de sa texture et de sa forme, ondulĂ©e, cabossĂ©e, jamais au repos et changeant de forme chaque instant. Cet ordre lointain absolu qui, Ă y regarder de plus prĂšs, devient chaos total et sublime, irreproductible, incalculable, imprĂ©dictible. Je repense Ă la marmite Goldberg de Venise, Ă la magie du monde et du destin, qui nous avale inlassablement, en cet instant mĂȘme et celui-ci encore, exposant sans cesse une partie de la trame de ce livre que lâon vit et que lâon lit Ă la fois, dĂ©voilant en temps rĂ©el lâhistoire du Spectacle, lorsque je tourne ma tĂȘte Ă droite et qui ne vois-je dâautre lĂ que Lucile et Carlos, assis dans le sable Ă trois mĂštres de moi, grands sourires et me faisant des coucou de la main. Je mâapproche dâeux. Ils voyagent ensemble en voiture, pour les deux derniĂšres semaines de leur sĂ©jour en Albanie avant de chacun reprendre leur route. Ils sont lĂ par chance; ils venus Ă la plage de LukovĂ« sans savoir quâil sây dĂ©roulait un festival et ont dĂ©cidĂ© spontanĂ©ment dâacheter des billets dâentrĂ©es. AprĂšs une petite discussion, je vais me baigner. Ils partent ensuite manger au restaurant juste Ă cĂŽtĂ©. Je vois Erica assise seule dans le sable pas loin et vais lui dire bonjour. Tout le monde se remet de la soirĂ©e de hier, avec une fatigue complaisante et calme. Ă cĂŽtĂ© de nous encore, je vois le deejay de Ksamil, avec sa copine et lâautre couple. Je cours de joie vers eux, quelle chance aussi quâon se soit retrouvĂ©. Je rejoins ensuite Lucile et Carlos qui finissent leur plat, puis vais Ă ma tente aprĂšs quâon ait agréé de se retrouver plus tard. Je mange le souper avec Jenny et Andreas, on a cuisinĂ© nos derniers lĂ©gumes avec des pĂątes. Lucile me retrouve lorsque je pars de ma tente pour nettoyer mes pots et me prĂ©parer avant la soirĂ©e. Elle dit avoir perdu Carlos, que lâon retrouve rapidement. Petite peur parce que jâai Ă©garĂ© mon tĂ©lĂ©phone au bar pendant que lâon remplissait ma gourde dâeau. Petites retrouvailles avec Alicia, Alban, Joann, Lucile, Carlos dans le petit jardin de ma tente dĂ©limitĂ© par les pierres. Ce soir, il y a encore plus de monde que hier soir. On danse sur la grande scĂšne. Passage au healing area, dans un joli dĂ©cor de toiles tendues entre des oliviers, dâun jeu de lumiĂšre alternant doucement entre le rouge vif et le bleu, Ă mĂȘme le sol sur des tapis entourĂ©s de crĂ©ations artistiques en bois et en pierre. Danse de nouveau, puis avec Lucile on va Ă la plage. Au retour, on veut acheter Ă manger au stand du vieux monsieur qui vend des « pancakes », plutĂŽt du pain frit avec son tzatiki maison, concombres, tomates, olives, comme je lâai fait tous les autres soirs. Mais on remarque une belle pastĂšque posĂ©e sur lâĂ©tale, et on nĂ©gocie un prix pour lâacheter toute entiĂšre. DĂ©gustation pendant que lâon se promĂšne dans le festival. On croise Alicia qui nous demande une part, avant de sâexcuser platement et nous la rendre aprĂšs une seule morce, car elle nâarrive simplement pas Ă manger maintenant.
Une réponse sur « Samedi 11 juin 2022 »