Jeudi 26 mai 2022

31km, 3h13.

Bradashesh.

Le matin, j’hésite encore à partir ou pas. Je me sens bien ici, pourquoi donc partir ? Et en même temps, si je décide de prolonger encore mon séjour, je sens que je pourrais rester des semaines et des mois ici. Et après tout, je fais un voyage à vélo. Je décide que ces sept derniers jours m’ont déjà énormément apporté et appris, et qu’il est temps de reprendre la route: au terme de mon voyage, je pourrai orienter ma vie pour le mieux avec ce que j’aurai appris tout au long, retourner ici peut-être, mais pour l’instant, il est l’heure de continuer.

Je discute avec Sergey avant de partir. Il me dit qu’il y a huit ans, lorsqu’il travaillait encore dans la technologie de l’information, il lui était simplement impossible de s’imaginer qu’aujourd’hui il aurait le style de vie qu’il a, en train de faire son projet de recherche actuel, à travailler dans les jardins et dormir à la belle étoile sans plus vivre dans les villes. J’apprends qu’il était coloc avec le créateur de Kotlin et qu’il a d’autres contacts avec la haute sphère tech.

Départ de Pëllumbas donc, après un au revoir déchirant. J’ai de nouveau utilisé Komoot pour me diriger, et il m’a mené à travers une vieille route de montagne cabossée et inutilisable qui n’est plus entretenue. C’est naze. Je perds donc du temps et de l’énergie. Mais le paysage est beau et rural. Maisonnettes entourées de champs ou de vergers, où l’on travaille avec des outils à la main, sans jamais de machines. Toujours ces innombrables chiens, poules, ânes, moutons et leur berger.

Merci Komoot !

Près d’Elbasan, je me trouve à un giratoire entouré d’une station service, de deux cafés, autant de petits marchés, un stand de fruits, et d’un endroit avec deux tuyaux d’eau qui sert de lavage pour les voitures. J’y demande de l’eau, un gars me dit de plutôt venir avec lui, c’est le propriétaire d’un des café, Besi, il veut m’offrir de l’eau fraîche. C’est la fin de la journée et il me propose de dormir à l’intérieur du café à condition que je parte demain avant l’ouverture à sept heures. Ma foi, j’accepte. Il m’offre aussi une soupe et une salade et du pain. Je m’assieds avec lui, deux de ses amis, et un jeune ado qui se fait traducteur. Ils se plaignent de la mauvaise économie du pays et de la corruption chez les politiciens, qu’ils vouent au diable. D’après lui, les taxes sont trop élevées pour les petites entreprises comme la sienne. Ça lui cause sans cesse du stress, me dit-il le visage soucieux et pointant le regard sur son paquet de cigarettes, d’où il dégaine les clopes une par une sans arrêt. Il demande mon avis sur quel type de business il devrait ouvrir. Je lui dis honnêtement que je n’en sais rien, mais qu’on pourrait garder le café actuel et travailler sur la présentation, l’intérieur, la terrasse, le tout que je ne trouve pas très approchable: trop de goudron, pas de plante, pas de couleur; ça ne donne pas envie de s’approcher. Ils sont fiers de l’origine albanaise de Shaqiri et d’autres joueurs de l’équipe de football suisse. L’Albanie présente plusieurs cultures religieuses mais ils s’entendent tous bien et cohabitent côte à côte, ils le démontrent en montrant qu’à table se trouvent un orthodoxe, un musulman et un catholique. Le café fermé à vingt heures, ils s’en vont et je m’endors sur mon matelas à l’intérieur du café, entre les tables et les chaises.

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