69km, 4h02.
Gjadër, Lezhë, Laç Fshat.
Départ vers midi, l’auberge est très calme à ce moment là, ce qui me m’arrange secrètement: pas d’adieux qui rendront le départ plus difficile, je peux décamper en douce. Alma m’accompagne jusqu’à la porte et y reste jusqu’à ce que je tourne au coin de la rue, elle est trop adorable.
La route est très plate, ce qui est agréable. Je défile sans peine et peux plus facilement observer le paysage. Je traverse plein de petits villages de campagne. Les bâtisses se partagent entre des modestes maisons mono-étagées à joli jardin ou verger, des fondations en bétons incomplètes ou délaissées, et des belles villas au jardin clôturé et portaillé. La végétation est incontrôlée et sauvage, vivante donc. La qualité des routes est moindre que les pays précédents. Mais les Albanais qui me voient me lancent des grands « hello » accompagnés de grands mouvements de brassage d’air des bras, me sourient, me donne des encourageants pouces levés ou placent leur main droite sur leur poitrine en signe de salut. Pour manger, je m’arrête sur la place d’un tout petit village, lorsque des jeunes assis en face de la rue aux tables d’un café fermé m’appellent, je m’approche, il y a un aussi un autre cycliste, Stéphane, qui vient du sud de la France. Il est parti de chez lui à pied il y a sept ans, et s’est acheté un vélo il y a un an et veut aussi aller en Inde par le Pakistan. Les Albanais sont très curieux de nous et nous parlent en anglais. Ils veulent ensuite essayer nos vélos, et font des aller-retours dans la rue avec une grande excitation. Ils nous donnent des longues friandises acidulées au goût de melon.
Ils s’en vont ensuite à la rivière pour un pique-nique, sauf un, Renato, qui reste. Stéphane retourne sur la place pour se préparer à manger, et l’Albanais me propose de venir avec lui, apparemment pour acheter de la nourriture pour mon repas. Il est insistant, mais j’ai déjà ce qu’il faut dans mes sacs. Après plusieurs refus, il me demande avec l’aide d’un traducteur sur son téléphone si je peux lui donner d’abord un peu d’argent, puis juste cinq euros. Je suis un peu mal à l’aise, refuse, et vais manger avec Stéphane, qui chauffe un plat entier sur son réchaud. Je mange du pain, du fromage et une tomate. Stéphane voyage avec un très petit budget et gagne de l’argent en jouant de l’ukele et en faisant la manche, ou en improvisant d’autres moyens de se faire un peu de revenu. Il voyage avec sa chienne Lily, un épagneul breton. On continue le chemin ensemble. Jolie route. Passage à Lezhë, où j’aurais bien envie de m’arrêter, la ville m’est conviviale et j’y ai vu une jolie église, ce sera pour une autre fois. Petit arrêt près d’un pêcheur qui offre un poisson à Lily. Plus tard, Stéphane sauve une tortue qui se trouvait au milieu de la route.
Le soleil se couche, magnifiquement d’ailleurs, on prend un peu de temps à trouver un endroit et est finalement près d’un café en bord de route. Des jeunes, apparemment amis du propriétaire, se fichent de nous en nous voyant souffler dans nos matelas gonflables. Ils jouent ensuite aux cartes, ainsi que le propriétaire avec ses amis, pendant que je nous cuisine avec grande joie un dahl. Stéphane est très content d’avoir trouvé cet endroit. Il est aussi très intéressé par mon réchaud et le fait que j’utilise du pétrole, calculant les économies qu’il pourrait faire par rapport à son système à gaz.
