Dimanche 15 mai 2022

0km.

Shkodër.

Réveil très tard en début d’après-midi. Je cuisine de nouveau des pâtes au sweet chili et je crois que j’ai déjà réussi à bien affiner la recette. L’auberge est calme. Je parle avec Alma, lorsqu’elle entend dire que je vais en Inde, elle se rappelle de l’histoire de son partenaire, qui planifiait aussi de s’y rendre à vélo, qui allait partir, mais en la rencontrant dans un bar, lui a annoncé qu’il n’avait plus besoin de partir car il avait trouvé ce qu’il pensait aller chercher en Inde chez elle. Il n’est donc jamais parti et ils sont restés ensemble. Alma me dit que qu’ils ont vécu ensemble une histoire pleine de synergie, et que sa vie est accomplie et complète grâce à tout ce qu’ils ont fait et vécu ensemble. Je suis totalement ému et quelques larmes coulent de mes yeux. Elle me parle ensuite de l’histoire de sa fille, qui a rencontré son partenaire de façon tout aussi touchante, et la leçon c’est que c’est toujours celui qui reste qui souffre le plus. Submergé par ces histoires, je m’effondre émotionnellement et Alma me propose d’aller méditer et réfléchir un peu. Elle me fait faire un tour de la maison, à l’étage supérieur il y a d’autres chambres tout aussi joliment décorées et colorées, des petits objets historiques affichés aux murs ou posés dans un coin de couloir.

Je fais la connaissance du couple Faber le Hollandais et Vivian la Taïwanaise. Discussion avec mon ami barman et Faber devant le bar. Ce dernier nous raconte son voyage en Inde, où il a visité l’ashram de Sadhguru pendant un mois complet. En y arrivant, il a eu un peu peur en y voyant des européens, cheveux entièrement rasés, marchant lentement, regards vers le bas et récitant des mantras. Mais au final, son enseignement s’est bien passé. Par contre, une chose qui ne lui a pas plu est l’espèce d’idolâtrie que certains des pratiquants ont pour Sadhguru, et surtout la manière dont ce dernier y répond parfois, avec un peu trop d’égocentrisme, ce qui a un peu repoussé Faber. Il a trouvé une philosophie qui lui parle bien plus, nommée Les Trois Principes et créée par un soudeur écossais. Il nous explique rapidement les principes, et j’observe avec curiosité et même un petit esprit dramaturge le choc entre le discours spirituelle de Faber et le cerveau logique et cartésien de notre ami barman, qui tente avec ouverture de comprendre et d’intégrer ces idées dans son modèle de la vie, sans beaucoup de succès. Un certain message pourtant qui reviendra plusieurs fois en guise de conclusion et qui me rappelle la philosophie zen et ses koans aporétiques dans leur plus beaux paradoxe: pour le comprendre, il ne faut pas essayer de le comprendre; plus on essaie d’y arriver et d’en faire sens, moins cette entreprise réussira. Un beau paradoxe qui heurte à chaque fois mon ami albanais en le faisant rire. Les Trois Principes et le discours de Faber résonnent beaucoup en moi avec les expériences que j’ai eues durant mes retraites de méditations ou lors de mes autres expériences spirituelles ou philosophiques. Il est bientôt temps de manger, je vais faire les courses avec Faber et Vivian, puis je cuisine avec elle un curry aux légumes sous l’œil estudiantin du barman, que j’ai réussi hier à convaincre de l’importance de savoir cuisiner. De manière très attendrissante, il remarque que l’on cuit le riz et les légumes séparément, et Vivian et moi lui apprenons que c’est parce qu’ils ont des méthodes de cuissons différentes. Souper tous ensemble sur la terrasse. Plus tard, je fais un peu de musique avec Carlos, un des volontaires, qui a un don naturel avec tous les instruments, et on joue en duo en s’échangeant tambour hang, didgeridoo, piano, guitare, tambour. C’est si facile d’improviser quelque chose de simple, et j’aimerais bien être plus souvent entouré de ces instruments.

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