28km, 2h02.
Elle me confirme qu’elle était au bar, je suis perturbé mais Clémence me rassure sur ce genre de coïncidence durant un voyage touristique. Aujourd’hui, je regrette un peu de ne pas avoir accepté l’invitation de Valentina. Elle m’envoie un message pour me dire de ne pas hésiter si j’ai besoin de quelque chose.
Avant de reprendre la route, je me pose dans un café pour bruncher et écrire.
Je suis rapidement rappelé à quel point j’aime être assis dans un café, espace social avec juste assez d’intime et de partage à mon goût, pour écrire, tout en échangeant des regards parfois incompris, parfois rejetés, parfois coquets, et contempler tout le bric-à-brac de la vie quotidienne qui s’y passe. En plus, ici, j’ai le statut supplémentaire de mon vélo, qui attire l’attention de papas envieux et rêveurs, d’enfants fascinés, ou de filles curieuses. Je reste jusqu’en milieu d’après-midi.
Plus tard, à vélo, je cherche à acheter une bouteille de kérosène pour mon réchaud. Je n’ai pas trouvé beaucoup plus d’informations même sur internet; chaque pays à des désignations différentes et parfois des noms similaires pour des produits à la composition différente, et il est difficile de s’y retrouver. Ferry pour Ugljan. C’est une journée plutôt venteuse aujourd’hui, la bora souffle de plus en plus fort. Le soir, je galère à trouver un endroit, les locaux me disent que je peux camper où je le veux, ça n’a vraiment l’air de déranger personne, mais je peine à trouver un bon endroit à cause du terrain. Finalement, on m’indique le jardin à l’arrière d’une école, qui est fermée pour le week-end, et qui me protégera du vent. Deux fillettes sont amusées de me voir véritablement faire apparaître une tente d’un tas de toile. Je me promène dans le village, c’est la veille de Pâques, devant les églises on a allumé un petit feu, et les villageois arrivent de tout part pour une messe, tenant des paniers remplis de pain emballé. J’essaie de demander si je peux me joindre à eux, mais ils me disent que « ce n’est pas public ». Bon. C’est la pleine lune, j’aimerais avoir une vue depuis la mer, mais le vent est si fort que c’en est impossible, on s’envole, il fait froid et ce n’est pas agréable. Je mange un pique-nique; c’est tellement plus simple quand il ne faut rien cuisiner ! Puis je m’endors tôt, ma tente fouettée par la bora.