Samedi 26 mars 2022

74km, 4h18

Soave, Monteforte d’Alpone, Montecchio Maggiore, Creazzo.

Journée un peu plus difficile émotionnellement.

En plus de ça, il y a des jours où on aimerait juste pouvoir rouler, avancer sans réfléchir, planter sa tente là où on se trouve au tomber du jour. Mais mon parcours passe forcément par des régions riches en histoire et je n’ai pas envie de passer à côté sans profiter et sans les visiter. Et je me suis donc rendu compte qu’il y a une incompatibilité à résoudre entre deux manières différentes de voyager que j’envisage. La première, celle d’avancer au rythme du destin, de prendre le guidon le matin, de pédaler, m’arrêter quand je le sens, et planter ma tente au coucher du soleil, là où je me trouve à ce moment ; la façon qu’on pourrait qualifier de slow. La seconde, c’est le voyage qui demande une plus grande organisation : la visite des villes ou autres lieux par lesquels je passe. Pour cela, j’ai besoin d’un lieu où entreposer mon vélo et les bagages, et si possible où me laver, me changer, et dormir si poser la tente n’est pas possible. Dans ce deuxième cas, je dois planifier mes trajets, me coordonner, chercher un hôte, etc. Bref, une façon moins calme de voyager et qui prend une partie supplémentaire de mon temps.

Le dilemme paraît évident maintenant que je l’ai mis à l’écrit, mais avant que je ne comprenne le problème, ça m’a travaillé toute la journée pendant que je pédalais.

Avant mon départ, je n’avais pas d’idée précise de comment j’allais voyager, mais je pensais plutôt que ce serait en suivant l’option slow. Mais je FOMO complètement en voyant toute la richesse culturelle de là par où je passe, et je n’ai pas envie de passer tout droit en l’ignorant. Je me suis donc demandé comment concilier ces deux forces, et je crois que j’ai décidé d’accepter de devoir planifier un petit peu plus, de devoir faire de temps en temps des compromis, tout en sachant qu’organiser un jour ne signifie pas que je ne peux pas y aller plus slow le lendemain. Et au final, organiser un peu, ça reste dans la philosophie de y aller en s’adaptant.

Vers midi, j’arrive à Soave, un petit village médiéval avec un énorme mur l’entourant, devant lequel on se sent soumis et impuissant. Heureusement, de nos jours, la porte est grande ouverte, j’y passe, je fais un petit tour jusqu’au château, sur les hauteurs, mais la visite est malheureusement terminée. Il y a tout de même une belle vue sur la région et des vignes à perte de vue. Je visite aussi l’église du village.

Belle lumière.
Le plafond de l’église de Soave.

À Monteforte d’Alpone, une grande église et sa tour s’imposent sur le chemin. De couleur jaune topaze, elle se démarque bien parmi les autres bâtiments aux couleurs plus délavées et tristes. Je la visite rapidement ; à l’intérieur, une petite classe d’enfants qui récitent des prières sous la conduite d’une enseignante.

L’église de Monteforte d’Alpone.

À Montecchio Maggiore, une autre imposante église en cette fin d’après-midi ensoleillée. Visite, puis je profite du Wi-Fi de la place pour voir la situation pour ce soir. Dans la foulée, j’installe l’app Couchsurfing, site sur lequel j’avais créé un compte il y a dix ans pendant mon premier Interrail, et écris à des hôtes à Vincenza, dont une famille de pianistes, et une autre femme qui pratique le yoga. Cette dernière répond positivement très rapidement, malgré ses plans pour ce soir et demain matin, elle accepte de m’accueillir. Je suis super content, j’ai une énergie physique et mentale nouvelle et fonce à toute allure vers chez elle, à quelques kilomètres.

L’église de Montecchio Maggiore.

En arrivant, son copain est juste en train de partir. Je parque mon vélo dans le garage, elle me montre la chambre, et puis me donne un verre d’eau dans la cuisine en m’expliquant qu’elle a des plans pour ce soir avec une amie, mais que je peux rester me reposer, et que demain elle va faire une marche, mais que je suis aussi libre de faire comme je veux. Tant de confiance, si rapidement ! On mange des pâtes au pesto. Elle m’apprend que Sadhguru, un guide spirituel indien parfois un peu loufoque et excentrique, mais qui est suivi par des millions de personnes, et dont j’avais regardé beaucoup de vidéos sur YouTube, passe à Venise donner une conférence sur la terre ce mercredi, juste le jour où je vais y passer ! Tous les deux fatigués, on se couche assez tôt, d’autant que l’on se lève tôt.

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