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Verona.
J’ai quand même envie de visiter la ville, je commence à comprendre que ça ne ferait pas sens pour moi de faire mon voyage sans visiter les villes que je traverse, du moins en partie. Je décide donc de rester une nuit de plus à Verona. Le b&b est malheureusement complet, et je dois en chercher un autre. Embêtant, car bouger mes affaires prend beaucoup de temps. Je trouve un autre b&b pas loin sur Booking et sors rejouer la stratégie de la demande directe. Le propriétaire est content que je sois venu, me fait une offre, me demande ma carte de crédit… puis remarque que quelqu’un d’autre vient de faire une réservation il y a quelques secondes. Peu de fortune. Je retourne à mon premier b&b pour me reconnecter au Wi-Fi. Le prix d’un autre hôtel que j’avais vu a entre temps monté de prix, de plus de 10%! Je vais sonner chez eux, personne ne répond. Je reviens à mon QG, et le prix a de nouveau baissé au prix d’origine. Fichus algorithmes, je sens qu’on veut tirer chaque euro possible de moi en hackant mon comportement et mon profil type. C’est oppressant! Mais bon, on est quand même content qu’un site tel que Booking existe. Je réserve donc, et déplace toutes mes affaires. C’est un petit loft. Il y a une cuisine, je chauffe mes pâtes de l’avant veille et râpe mon pecorino dessus. Je me pose des questions sur l’utilité de sauver quelques euros sur une chambre ou sur tout autre chose, lorsque d’autres dépenses rendent ceux-ci négligeables sur le long terme. J’ai perdu une heure pour économiser dix euros; en rétrospective je trouve souvent que ça ne valait pas la peine car mon temps est plus précieux que l’argent économisé, mais j’ai de la peine à appliquer cela.
Tout cela réglé, je sors visiter Vérone. Ville où se déroule l’histoire de Roméo et Juliette, elle est de facto une ville romantique et j’en tombe amoureux rapidement. Je commence par la Piazza Bra, où se trouve l’Arena, un amphithéâtre romain plutôt bien conservé.
Je passe ensuite par Castelvecchio, un très beau château médiéval. Je l’adore, je m’y déplace béatement, contemplant l’architecture, simplement fasciné par l’existence et l’histoire d’un tel bâtiment. Il y a des pièce de marbres gravées de récits d’événements importants du passé: un mariage, une mort, un assassinat, … Ils ont l’air de faits divers et insignifiants aujourd’hui, mais pouvaient tant signifier à l’époque où ils ont été écrits.
Je traverse ensuite le Ponte di Castelvecchio, où traînent des étudiants, longe l’Adige, et reviens entre les murs par le Ponte della Vittoria qui commémore la Grande Guerre. Là, Porta Borsari, une grande porte construite au 1er siècle av. J.-C. à l’époque romaine à l’entrée de la ville . Il y a plus de deux mille ans… j’imagine les charrettes et les habitants en tunique y passer et songe à tout ce que le monde a traversé depuis. Trop dingue.
Puis la cathédrale di Santa Maria Matricolare, la Basilica di Santa Anastasia, une église de style gothique italien, d’autres églises, et une petite errance dans les rues pleines de visiteurs. Je cherche un endroit où boire un thé, mais comprends vite qu’en Italie on ne jure vraiment que par le café et abandonne. Je me pose à un café au bord de l’Adige qui donne sur Castel San Pietro en face.
J’écris une lettre, puis traverse le Ponte Pietra et monte San Pietro pour le coucher de soleil. Il a du monde, mais tout le monde est calme et accepte la sérénité du moment. C’est une belle fin de journée et la lumière dorée est magnifique.
Le soir, je mange au Locanda 4 Cuochi. C’est apparemment un petit restaurant bien réputé. C’est drôle, ils m’assoient sur la seule table plus haute que les autres, donc je domine toute la salle depuis mon coin, faisant face au restaurant bondé. Et je suis l’unique personne seule. J’ai l’impression d’être un critique de restaurant venu goûter et noter leur cuisine. Je sors mon clavier Bluetooth pour écrire dans mon journal, ce qui ne fait qu’accentuer cet effet, et je remarque tous les serveurs passer et repasser devant ma table en me jetant des regards suspicieux et presque apeurés, essayant de voir ce que j’écris. C’est trop drôle! Au moins, mes assiettes seront les meilleures! J’adapte le menu pour prendre des plats végétariens. D’abord un puff pastry au Parmesan, artichaut et sauce curry, puis des gnocchi à la crème de Parmesan, brocoli et olives. Tout est très bon. Je remarque à quel point le pain du Mimi de Bergamo était supérieur. Je décide de prendre un dessert quelque part d’autre et sort m’aventurer une dernière fois dans les rues de la ville encore bien animées avant de rentrer me reposer puis me coucher.