Mercredi 23 mars 2022

68km, 4h06

Erbusco, Brescia.

Bien dormi, j’ai fait des rêves vivides en rapport avec mon voyage. J’ai réussi à chipper un de ces petits paquets de beurre qui restait du petit-déjeuner d’un autre hôte, et j’en ai tartiné mon reste de pain du restaurant de hier, que j’ai accompagné de fruits pour composer mon premier repas de la journée que j’ai mangé sur le balcon, qui avait une belle vue sur plusieurs jardins. La propriétaire m’a donné mes habits lavés et je me suis ensuite mis en route. Le confort et les services offerts par ma nuitée à l’hôtel ont été forts plaisants et j’en ai grandement apprécié leur valeur. J’ai aimé pouvoir visiter la ville avec mon vélo à l’abri, en étant propre, et d’avoir pu « me faire un restau », car c’était une expérience incroyable pour tous mes sens, surtout avec la cuisine italienne. Avant de partir, j’emballe quelques biscotti de la salle de réception dans une serviette sans que la propriétaire ne me voie.

Pour sortir de Bergamo, un long tronçon droit passant par la banlieue, puis par d’autres villages adjacents. Ce n’est qu’en deuxième partie de journée que je suis entré dans des zones plus rurales et calmes. Des belles routes cyclables avec des chemins variés. Un peu de strada bianca, c’est à dire des routes à graviers, ce que j’aime bien. Je commençais à me dire que je voudrais bien manger de la ricotta à midi lorsque j’ai vu une agglomération de roulottes vendant des produits de marché, je m’en suis donc approché. J’ai trouvé la roulotte à fromage et la ricotta, et en demandant du grana padano, le vendeur a voulu me donner une énorme pièce de fromage, malgré que je lui ai dit que je roulais avec une tente et que j’ai demandé une pièce piccolo. Il ne pouvait apparemment pas faire plus petit et était visiblement embêté que je ne veuille pas en acheter autant. C’est sa femme qui a dû me venir en aide pour qu’il accepte que je ne prenne pas le fromage.

Campagne italienne.

Le temps a commencé à se faire plus clément, j’ai vu un indicateur afficher 18°C et j’ai pu rouler sans gants pour la première fois. J’ai aussi pu (dû même!) ôter ma jaquette et rouler en t-shirt. C’est tellement plus agréable quand il ne fait pas trop froid. J’étais moins anxieux de devoir trouver un endroit où dormir, et j’imagine qu’en été, je pourrai même rouler jusqu’à très tard sans soucis, et même dormir pourquoi pas à la belle étoile, ce qui prendra beaucoup moins de temps.

Petite pause méditative.

Un peu avant 17h, avant d’entrer dans la périphérie de Brescia, je choisis de chercher une place où camper, car je me trouve dans une grande zone sans asphalte, et que je ne sais pas où sera la prochaine zone propice à monter une tente. Malgré ça, j’ai de la peine à trouver quelqu’un à qui demander la permission de dormir là. Je suis dans un grand parc public, et je trouve un coin près d’un étang à côté de la forêt, où je décide de camper. Mais il est encore bien trop tôt, le soleil est haut et il y a beaucoup de promeneurs dans les alentours. Je me mets donc à une table de pique-nique et écris dans mon journal. Je crois que ça me rend anxieux, stressé, d’être à un endroit où camper mais de devoir attendre la tombée du jour avant de pouvoir faire un pas; car il faut que je sois sûr de mon coup: si je remarque trop tard que ce n’est en fait pas possible ou que je change d’avis à cause d’une raison qui devrait m’empêcher de rester, il fera nuit et je devrais me remettre à la recherche d’un endroit dans des conditions difficiles. Et il y a simplement encore tellement de monde, que je n’arrive pas à estimer quand il y en aura moins. On verra! D’un autre côté, si j’arrive à me coucher plus tôt, je pourrai partir de bonne heure demain pour rapidement visiter Bescia puis atteindre Verona.

Petit étang derrière lequel je compte monter ma tente.

À 19h, le soleil est bien couché et il commence à s’assombrir, mais il y a encore des promeneurs. Ça doit être un parc très fréquenté car il est à proximité d’une grande ville. Je monte quand même ma tente, derrière un petit étang, juste légèrement caché par une lignée de maigres arbres. Il fait vite nuit, je fais ensuite à manger (encore des pâtes avec une sauce tomate et poivron, jaune cette fois-ci) dans le noir, alors que quelques coureurs passent tout près avec des lampes-torches. Je marche ensuite jusqu’à une fontaine qui se trouve à environ deux cents mètres, pour nettoyer mes casseroles. Il y a un panneau explicatif qui liste les mammifères de la forêt, dont les fameux cinghiari. Je suis en train de nettoyer les casseroles quand en tournant la tête je remarque une masse juste à côté de moi, à mes pieds. Mais c’est juste un chien, qui est arrivé sans que je l’entende, et vient bientôt son propriétaire, une dame qui n’a pas l’air d’avoir peur du tout, malgré la nuit noire dans la forêt. Elle me dit qu’il n’y a en fait pas de sanglier ici, mais qu’il y a des gens qui se droguent pas loin, et qu’il faut que je mette mon vélo tout près de ma tente pour ne pas me le faire voler… je dois avouer que mon niveau de risque général perçu est monté un peu. Mais je ne me fais pas de soucis. Je fais ensuite une petite promenade avant de rentrer sous mon toit.

Aphorisme du jour:

Sur le long terme, être hypocrite est une vertu.

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