Mardi 22 mars 2022

35km, 2h30

San Gottardo, Caprino Bergamasco, Bergamo.

Réveil en bord de lac.

Il a fait très froid hier soir. J’ai mis toutes les couches possibles pour braver la nuit. Je reste à dormir dans ma tente jusqu’à ce que le soleil se lève au-dessus des montagnes. Puis je mange des fruits et des biscotti avant de faire mes bagages et m’en aller pour de nouveaux périples.

Je me suis encore fait avoir par la deuxième dimension aujourd’hui; ce qui semblait être une route simple et plate s’est avéré être une longue montée le long d’un plateau, sur un flanc de montagne. Bon, c’est moi qui ai choisi de longer les Alpes, je l’assume! Je m’approche de Bergamo, une ville que j’ai envie de visiter. J’hésite un long moment puis décide de prendre un hôtel dans la ville, le premier de mon voyage. J’adore voyager en dépensant peu, ce qui m’amène à l’aventure et aux rencontres insolites. Sur les dix premiers jours, j’ai dépensé 34€, pour une moyenne de 3.40€ par jours, ce qui a seulement été possible grâce à la générosité d’Emanuela, Giorgio et Alexia, qui m’ont offert l’hospitalité. Aujourd’hui, en une journée, je dépense donc autant que tous ces dix derniers jours, ce qui ruine un peu ma propension frugale.

Une des choses à laquelle je pense lorsque j’entends « Bergame » est la Suite Bergamasque de Debussy, dont fait partie le fameux Clair de Lune. Si je me souviens bien, la suite est inspirée d’un poème de Paul Verlaine, où il est question à un moment de bergamasque, qui est une danse.

Arrivée aux portes de la vieille ville. L’hôtel que j’ai réservé est entro le mura. C’est un petit Bed & Breakfast. Immédiatement en fermant la porte de ma chambre, je suis corrompu par le confort, et n’ai plus aucun second doute quant à ma décision: la propriétaire a offert de laver tous mes habits, je peux bien nettoyer mes ustensiles de camping à l’évier, me doucher aisément, puis me reposer tranquillement sur le lit, au chaud, et gérer mon site avec le Wi-Fi. Quel plaisir! Je me dis que l’aventure frugale n’est pas incompatible avec l’aventure du confort, durant ce voyage. Je mets mon jeans et sort visiter la ville. Il y a peu de touristes, je visite la Basilica di Santa Maria Maggiore et le dôme. Deux églises magnifiques, dont les intérieurs sont extravagamment mais justement décorés; partout où je pointais le regard, il y avait une fresque, une statue, un vitrail, un énorme tapis, ou un autre ornement ou objet saint. C’était la folie. Et la lumière pénétrait gracieusement par des endroits stratégiques pour mettre la grandeur de ce tout en valeur, le faisant briller doucement.

Basilica di Santa Maria Maggiore.
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J’ai ensuite continué de faire le tour de la ville en longeant la muraille, qui donnait une belle vue sur toute la région. Puis je suis descendu faire un tour dans le nouveau centre, mais c’était inintéressant. J’ai goûté les cannoncini, une pâtisserie en forme de petit cylindre que l’on fourre de crème vanille et que l’on saupoudre d’un sucre croustillant. Très bon!

Vue depuis la muraille.

Le soir, je sortis de ma chambre à la recherche d’un restaurant où manger. Après un aller-retour dans la via Bartolomeo Colleoni, où se trouvent tous les restaurants de la vieille ville, j’optai pour Mimi, dont l’intérieur fort charmant attira mon attention. On me plaça vers l’entrée, aux tables pour les solo, qui étaient un bar à chaises hautes faisant face à un mur où était disposé un miroir longitudinal. Les produits locaux utilisés en cuisine étaient arrangés sur des étagères de chaque côté de la salle: des paquets de flûtes et de polenta, des pots de miel, des petites jarres de pâtes à tartiner aux différentes saveurs ou de sauces diverses, etc. Le lieu était déjà bien plein et les serveurs étaient animés à courir sans cesse dans tous les sens. Je fus bientôt rejoint par deux autres compères solitaires, à ma gauche. Pour commencer, je commandai un petit verre de vino rosso local, et le dégustai lentement en laissant l’éthanol attaquer doucement mes papilles. Puis, en attendant l’arrivée de mon primo piato, je versai un long et généreux filet d’huile d’olive sur mon assiette et trempai sans équivoque le pane da forno della casa dedans. C’était un pain à la croûte croustillante et la mie moelleuse juste comme il faut, et l’huile s’imbibait amoureusement dedans. Un délice! Arriva ensuite ma polenta aux fromages fondus. À ce moment, l’alcool commençait à faire effet et me montait rapidement à la tête, faute de ma tolérance trop peu entraînée à la substance. J’appréciai particulièrement un des fromages dans la polenta, mais son nom restera à jamais inconnu. Vint ensuite mon secondo piato, la spécialité locale au nom de casoncelli: des raviolis fourrés au fromage et à la sauge. À ce moment, mes sens éclataient et se libéraient fantochement grâce au liquide magique. J’entendis distinctement le brouhaha de la pièce, si agréable et mélodieux, signe d’une bonne et vivante compagnie. Des regards fusaient de tout part, s’interceptaient, se comprenaient ou non; ça riait, ça gueulait même par endroit, et pendant ce temps mon goût et mon odorat vivaient une intense expérience exotique, j’avalais rapidement toute l’assiette et repris une gorgée du nectar rubis. Je ne pouvais ensuite repartir sans prendre un de mes desserts favoris qui me titillait de la liste des dolce: le tiramisu. D’une onctuosité somptueuse, celui-ci compléta splendidement mon expérience. C’est ainsi plein d’une petite joie légère et simple que je rentrai à l’hôtel pour aller me coucher.

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