Après quelques jours de routes à travers la Suisse, j’ai rejoint la route eurovelo 6, qui joint la Mer Atlantique en France à la Mer Noire en Roumanie, traversant l’Europe d’ouest en est et suivant pour la plupart du parcours le Danube.
Eurovelo, c’est un réseau de 17 routes cyclables qui accumulent plus de 90’000km au total et qui traversent toute l’Europe ! Lorsque l’on parcours de longues distances à vélo, c’est bien plus agréable de suivre des routes pensées pour les cyclistes: optimisation des dénivelés, passage dans des beaux lieux, navigation facile grâce aux panneaux de signalisation, ateliers de réparation de vélo, occasion de croiser d’autres cyclistes, bref, ça rend la route très pratique et agréable à suivre.
J’ai donc décidé d’emprunter l’eurovelo numéro 6 pour une partie de trajet, et j’ai rapidement rejoint le Danube, à quelques kilomètres seulement de sa source.
À partir d’ici, le fleuve va parcourir plus de 2’800 km à travers l’Europe en passant par 10 pays. L’idée serait de suivre cette route, si les restrictions le permettent.
Sinon, ces premiers jours m’ont permis d’apprendre ce qui est mon plus grand ennemi dans cette aventure: le froid. Sans lui, les plus grands problèmes que j’ai rencontré auraient des solutions faciles:
- Pour garantir une hygiène corporelle, je pourrais me rincer ou me doucher en me jetant dans les nombreux lacs que j’ai croisés, en en profitant pour transformer l’arrêt en pause détente. En cette saison (en avril, ne te découvre pas d’un fil), me rincer même à une fontaine est compliqué, car je ne peux pas ôter mes couches d’habits.
- Même les jours ensoleillés, dès que le soleil se couche à l’horizon, un froid s’abat, et il devient alors très inconfortable de préparer le campement, sans parler de cuisiner un plat chaud au réchaud.
- Ensuite, il y a la difficulté à dormir quand la température descend vraiment en dessous du zéro, même si habillé et dans mon sac de couchage.
Sinon, les autres défis sont facilement surmontables si l’on est organisé! La journée, lorsque je roule à vélo, je ne vois pas le temps passer et je me sens complètement dans mon élément. J’aime pédaler depuis que je suis tout petit. J’ai toujours exploré les environs sur un deux-roues où que je sois allé: durant mon enfance autour de mon village, durant mes études aux alentours de Lausanne, lors de mes voyages à l’étranger dans les différentes villes du monde. Explorer le monde les deux mains sur le guidon a toujours été une activité qui a fait battre mon cœur, et je roule donc toute la journée en extase 😍 j’ai l’impression que chaque journée en fait plusieurs, car elles sont longues et ils se passent souvent beaucoup de choses, avec beaucoup d’étapes différentes en peu de temps.
J’observe à quel point toute mon attention est toute ma concentration sont prises par les opérations de bases: m’orienter, chercher une place de campement, chercher de l’eau,… Bref, ce qui est essentiel à ma survie. Cela change beaucoup du mode de vie auquel je suis habitué, dans lequel on a tellement de confort, qu’on se distrait sans cesse par d’autres petites choses. Faire revenir l’attention presque uniquement à ces choses de base est rafraîchissant.
Mon parcours s’est fait sur territoire germanophone, et moi qui n’ait que rarement pratiqué mon allemand, j’ai été étonné à quel point mon cerveau a rapidement fait un changement de contexte linguistique: j’ai commencé à me répéter certaines phrases en allemand en boucle dans la tête, par exemple lorsque je cherchais de l’eau. Des mots que je croyais avoir oublié me reviennent soudainement, comme apparaissant magiquement du fin fond de ma mémoire. Une belle expérience pour mon peu de pratique en langue étrangère.
Concernant mon journal de voyage, j’apprécie encore plus que prévu d’écrire dedans !
Au niveau de la navigation, en Suisse, je n’ai pas eu besoin d’utiliser le GPS du tout, grâce à la signalisation extrêmement clair et précise des routes cyclables (mis à part rigolos étudiants). En Allemagne, j’ai pu suivre la route eurovelo 6 qui est aussi très bien indiquée. Une chose à apprécier en Europe.