Coup de blues hivernal

Kutaisi, vendredi 17 février 2023

Mon très cher ami,

Comment vas-tu! […]

Je t’écris pour te faire part d’une décision importante que j’ai prise concernant mon voyage. Tu sais que je suis toujours en Géorgie depuis novembre passé, lorsque je suis monté ici ne sachant pas trop quoi faire ni où aller à cause de la situation en Iran qui bloque mon chemin.

Après le fantastique temps que j’ai passé à Ukhuti (et qui s’est terminé en une folle histoire d’allégation de rituels sataniques et de phénomènes paranormaux… c’est une longue histoire, pour une autre fois !), je suis resté à Kutaisi, sans avoir trop pris de décision concernant mon voyage. Je vis ma petite vie ici, j’ai rencontré des gens supers (des expats et des Géorgiens), j’adore la ville, tout me plaît, et j’envisagerais bien de m’acheter une petite maison dans le coin. C’est à ce point là!

On a eu un hiver extrêment doux. On est bien dans un climat sub-tropical, mais même en sachant cela, les températures étaient bien plus clémentes que les années précédentes, jurent les locaux. Il n’y a pas plus de deux semaines, il faisait 15°C et plus! On se croirait en plein mois de mai depuis décembre.

Dimanche passée, dans le beau temps et le plein soleil, on a fait une balade près de Kutaisi pour voir le pont de Tamara, qui date du XIème! Ces vieux ponts, qui tiennent encore debout après un millénaire, sont tellement esthétiques à regarder. On a fait un feu et cuit des marshmallows près de la rivière, je m’y suis baigné (enfin, j’ai mis mon corps dans l’eau pour moins de deux secondes, mais quand même…), bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et je vivais la belle vie.

Mais lundi! Lundi, mon cher ami! Il a neigé durant la nuit et au réveil, en regardant par la fenêtre, je me souviens avoir ressenti une grande émotion mais maintenant que j’y repense ce n’était pas quelque chose de positif, comme on pourrait s’y attendre (j’adore la beauté de la neige). Et ce jour là je me suis senti extrêment déprimé, mais alors comme il ne m’arrive que très rarement. Je mettais la faute sur l’incertitude concernant mes plans pour la suite. J’étais déprimé de ne pas pouvoir continuer par l’Iran, déprimé à l’idée de retourner en Europe par la Turquie, dans le froid, comme j’avais décidé de le faire quelques jours auparavant. En tout cas, c’est comme cela que j’expliquais mon état GRAVE. Mardi, ça allait mieux mais toujours pas top. Mercredi, je croyais être stable le matin mais à midi c’était la crise alors j’ai décidé de sortir marcher, sous la neige qui tombait encore et toujours, et j’ai marché sans destination, décidé de démêler quelques fils au moins des abysses sombres de mon esprit. J’ai ainsi atteinds les abords de la ville, avant de revenir jusqu’au centre à pied.

Et en arrivant près du centre, soudainement, j’ai pris la décision de prendre l’avion pour le Pakistan, c’est-à-dire de sauter l’Iran et de continuer l’entreprise de mon voyage pour arriver jusqu’en Inde. Et ça y est, juste comme ça, cette décision avait été prise, et, de façon plus importante, elle me rendait paisible, comme si je savais que c’était le bon choix, comme une pièce de puzzle qui soudain s’emboîte parfaitement; il n’y avait aucun doute, aucune incertitude, ça collait parfaitement. Après les déboires concernant la décision pour la suite du voyage, qui sont allés et venus ces cinq derniers mois, c’est drôle comme cette décision me paraissait soudainement si naturelle. Alors, tout allait mieux dans ma tête, et j’étais excité pour la suite! J’ai immédiatement acheté une lettre d’invitation et j’ai fais la demande de visa pour le Pakistan, que j’ai reçu aujourd’hui!

Il ne me reste plus qu’à réussir à reprendre mon vélo, qui se trouve toujours à Ukhuti, où il est tombé près d’un mètre de neige… aprés, je pédalerai jusqu’à Tbilisi, ce qui devrait me prendre 4-5 jours, et là je prendrai l’avion pour Karachi!

Ca va être amusant de démonter le vélo à l’aéroport et de le mettre dans une grande boîte 😀

Si tout se passe bien, je serai donc à Karachi dans une dizaine de jours, et de là je monterai jusqu’à Lahore pour passer la frontière Indienne. Je passerai peut-être aussi par Islamabad, peut-être le col du Karakorum même…

Ça va paraître bête mais je suis tellement content de pouvoir aller jusqu’au bout de mon voyage, même si ça signifie sauter un pays (j’y reviendrai pour compléter le maillon manquant dans quelques années !) Tu sais, parmi toutes les options que j’avais envisagées il y a quelques mois, celle de prendre l’avion pour le Pakistan était la dernière (et ne prenait qu’une ligne sur ma feuille de possibilités), et je ne l’avais jamais considérée sérieusement. C’est comme si je l’avais mise dans un coin bien au fond de mon esprit, oubliée, ignorée, jusqu’à ce que j’y jette un véritable coup d’oeil et, là, je me suis rendu compte que c’est finalement celle qui résonne le mieux avec moi ! En tout cas, je suis extrêment content de ma décision.

À donc la prochaine, lorsque je t’écrirai depuis le climat bien chaud du Pakistan!

À bientôt,

Christopher

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Google Translate »