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Korčula.
Je me suis réveillé des dizaines de fois durant la nuit. J’ai rêvé plusieurs fois que je coulais au fond d’une piscine, je voyais le ciel par-delà l’eau au-dessus de moi pendant que je tombais, et à court d’énergie, je j’avais pas la force de remonter. L’air me manquait, j’asphyxiais, sensation de terreur car noyade prochaine, je voulais lever la main mais mon corps ne répondait plus, puis réveil court avant de me rendormir, micro-réveil durant lequel je remarquais promptement que mon nez et mes bronches étaient bouchés avant de retomber dans le sommeil et refaire le même cauchemar. L’horreur.
La nuit écoulée et moi réveillé après une mauvaise nuit de sommeil, je fais tranquille aujourd’hui. Petite promenade dans Korčula, petit village côtier sur l’île éponyme d’où est parti Marco Polo pour ses expéditions au XIVème siècle. Arrière-plan historique attractif donc; du potentiel touristique. La veille ville est petite, construite en « filet de hareng », c’est à dire un mur extérieur à peu près circulaire aux côtés duquel on peut se promener, et duquel, tout autour, plus d’une dizaine de petites ruelles s’enfoncent vers le centre en montant légèrement, pour toutes arriver sur une place, au sommet de la petite colline où est construite l’église du village. Disposition qui coupe généreusement le vent tout en permettent un déplacement piéton très libre. Un port et une plage de caillous jouxtent la ville, qui s’est considérablement élargie en dehors des murs, plus récemment pour des raisons de tourisme. Sur ce dernier point, les locaux ont le souhait de se développer dans les prochaines années vers un tourisme un peu plus haut de gamme, et on peut observer la construction d’hôtels le long de la route ainsi que des rénovations ou l’ouverture de restaurants un peu plus luxueux.
Je visite quelques-unes des petites galleries d’arts, cherche un bracelet infructueusement, mange une salade grecque qui est accompagné d’un croustillant pain à l’ail. L’après-midi, je me rends à la librairie Kutak Knijiga, ouvert il y a presque huit ans par Joseph, un retraité français qui voulait « s’occuper intelligemment ». Il me présente l’unique salle couverte d’étagères pleines de livres en dix langues différentes, jusqu’à quelques bouquins en chinois. Le rayon francophone contient un trésor d’écrits collectés par Joseph, des récits de voyage, histoires et romans des Balkans, petites découvertes croates ou même locales, et il me les présente avec passion. J’ai envie de tout acheter, mais j’ai la forte contrainte de mon mode de voyage qui m’arrête facilement, et je prends juste le premier tome de l’autobiographie d’Elias Canetti, que j’ai enfin entre les mains.

Le soir, je cuisine dans la chambre, entame le Canetti et me couche plutôt tôt.