Samedi 23 avril 2022

28km, 2h39.

Parc National Krka, Brištane.

Le matin, je dois m’occuper d’une arnaque de Booking.com. Hier, dans la précipitation du mal que je ressentais, j’ai réservé un appartement par leur site directement. La nuitée était donnée à 27€, soit 45€ au total moins 18€ « payé par Booking ». J’ai bien vérifié avant de confirmer, car il m’avait semblé qu’il s’était passé une magouille la dernière fois, et rebelote !! : je suis chargé 45€ sur ma carte de crédit. J’ai contacté leur service client, qui est évidemment difficilement trouvable, et uniquement sur leur site, pas sur l’application mobile. On doit patienter une demi-heure pendant qu’ils essaient de nous faire abandonner parce qu’aucun agent n’est disponible. Je suis finalement mis en contact avec quelqu’un, et après une nouvelle demi-heure d’explications où je dois me battre pour le démonter l’évident, ils me disent que je vais pouvoir faire un réclamation de « price match », alors que le price à matcher est sur leur propre site, et cela uniquement après être parti de l’appartement, auquel il faut demander le reçu. Cela m’a rendu furieux, car c’est une arnaque claire de leur part, qu’ils essaient de déguiser en problème technique et qu’il est ensuite très difficile de demander le remboursement. Et en plus de cela, j’ai ensuite l’appartement qui m’a contacté pour me demander pourquoi Booking leur demande les 18 euros. Ah ! Un vrai scandale, ils profitent bien de leur position de monopole. En tout cas, je n’ai plus aucun scrupule à les outrepasser et de faire des réservations directement avec les propriétaires. Bien énervé, je me suis calmé en me rendant compte que je vivais quand même la meilleure alternative, le meilleur des mondes possibles entre les deux situations possibles:

  1. Un monde où Booking existe et me permet d’avoir une vue rapide des hôtels et logements à proximité, mais avec un monopole qui créé de telles situations de temps en temps, sentiments d’injustices, temps perdu à se battre.
  2. Un monde sans Booking, et donc sans leurs tentatives d’arnaque, mais où je dois faire un effort multiplié pour trouver un logement et comparer les offres. Faut de trouver les meilleures offres, je dépenserais très sûrement beaucoup plus dans ce cas.

Ce raisonnement assume évidemment que Booking (ou tout autre entreprise ayant attend leur place de monopole) ne peut exister qu’en étant vil, mais ce prémisce me semble correcte dans un âge de capitalisme néoliberal tel que nous le vivons. Au final donc, de manière générale, je vis dans le meilleur des mondes et j’en suis infiniment réjouis.

Niveau symptômes, le matin je ressentais une toute petite inflammation à la tête, mais ensuite, toute la journée, plus rien ! Journée magnifique donc, et dans la bonne humeur, car je suis bien reconnaissant pour les instants en bonne santé.

Je pars donc de Skradin après avoir visité son tout petit fort. Je longe le parc naturel jusqu’aux chutes Roški, qui se trouvent au milieu du parc.

Le plan du parc national Krka.

Avant d’y arriver, j’ai suivi un sentier rocheux qui m’a offert une vue imprenable sur les chutes.

Le mont Promina au fond.
La chute Roški est juste derrière les arbres…

À Roški slap, il faut payer 50 kunas pour accéder à la zone réservée du parc. Je monte d’abord jusqu’à la grotte Ozidana Pećina par des longs escaliers qui donnent une vue en contre-plongée sur les petites cascades de Roški slap:

Toute la descente d’eau de Krka est le fruit de nombreuses formations morphologiques karstiques. L’eau riche en bicarbonate de calcium, lorsqu’elle rencontre un obstacle et s’éclabousse, va se dissoudre, et des minuscules fragments de calcaires vont s’accrocher aux différents organismes biologiques, créant ce qu’on appelle des travertins. Au fil du temps, ces travertins grandissent, se morphent, et finissent par former des obstacles de plus en plus grand pour donner les majestueuses scènes du parc d’aujourd’hui: chutes, cascades, rivières, grottes, etc. C’est donc un processus bio-dynamique vivant, qui se développe encore aujourd’hui, bien que très lentement.

Je m’enfonce dans la grotte, qui fait soixante mètres de long. Des panneaux expliquent l’évolution des cultures humaines ayant habité dans la région, comment ils se nourrissaient, qu’ils habitaient dans ces grottes avant de vivre plus largement d’agriculture, les outils et armes de l’âge de bronze retrouvés tout proche. Lorsque je suis tout au fond de la grotte, la lumière s’éteind subitement, ce qui était une expérience effrayante mais intéressante.

Je redescends ensuite pour voir la partie qui montre la chute. Anciens moulins, jacuzzis naturels créés par la force des chutes canalisées dans des récipients circulaires en bois, il y a un petit café et des tables de pique-nique. Pause pamplemousse.

Roški slap, face.
Roški slap, profil.
La vue opposée sur le lac.

Je reprends mon vélo et remonte aux abords du parc, me retrouvant maintenant du côté est.

Ça grimpe.
Vue sur le lac.

Il est ensuite l’heure de trouver un lieu où camper. Je suis dans la village de Brištane lorsque trois vieux me saluent et me proposent de boire avec eux. Allez, pourquoi pas ! En voyage, dire oui est d’autant plus enrichissant que chez soi. Un d’eux parle l’allemand car il a habité en Suisse quelques années. On se pose donc dans leur jardin et ils amènent une bouteille de raki et quatre verres à shot. On communique tant bien que mal, l’alcool m’arrache la gorge mais je n’en prends qu’un tout petit peu pour rester plus ou moins sobre. Lorsque je vais repartir, celui qui parle allemand me dit de le suivre, et m’amène à un demi-kilomètre, chez son neveux, qui tient un petit guesthouse et un restaurant, où se termine actuellement un baptème familial. Il me dit que je peux planter ma tente dans le jardin sans souci.

Je le remercie, et dois d’abord aller admirer la vue sur l’île de Visovac, où se trouve un monastère encore habité par des moines catholiques et abritant une collection historique d’objets religieux ainsi qu’une bibliothèque.

L’île de Visovac.
Visovac.
Krka.
Visovac.
Faut que j’appelle mon ami géorgien.

De retour au guesthouse, je m’installe donc, puis vais lui prévenir que je vais allumer mon réchaud à pétrole. Pendant qu’il m’explique que je peux utiliser leur cuisine, il s’interrompt et m’annonce que je n’ai pas besoin de cuisiner car ils vont m’offrir des restes de leur repas. Quelques minutes plus tard, alors que la famille commence à nettoyer les tables, je me retrouve devant une assiette composée de trois pièces de viande: de l’agneau, du veau et du poulet, ainsi que des patates cuites huileuses et une salade. Dubitatif, je tente de trouver un accord avec mes principes avant de commencer à dévorer le plat qui n’est franchement pas mal.

Il m’offre ensuite des parts de gâteaux qui restaient et du cheesecake. Il me questionne à propos de mon voyage, il m’envie et me dit qu’il était de caractère aventureuse à mon âge, avant d’avoir des enfants de manière semi-accidentelle et d’avoir dû mettre de la stabilité dans sa vie. Il est fier de son business, le premier guesthouse de la région créé avant même que la région ne devienne plus touristique notamment suite à l’injection récente de fonds par l’Union européenne. Ils fêtaient aujourd’hui un baptème catholique dans la famille et m’explique que « c’est ça qu’ils font par ici » en m’expliquant l’importance dans sa culture de ce rite de passage, auquel plus de cinquante membres de la famille étaient présents aujourd’hui. Une belle fête.

Après avoir aidé à nettoyer et débarrasser un peu, il me dit que sa femme et lui aimeraient m’offrir quelque chose en plus, et il me mène à une des deux chambres du guesthouse en m’offrent les clés. Il est content de m’offrir la nuitée et je suis touché par sa générosité qui ne fait que s’accumuler. Il s’excuse même en blaguant de ne pas m’avoir averti avant que je monte la tente. Je démonte donc cette dernière et m’installe dans la chambre. Il insiste également pour que m’offrir le petit-déjeuner demain matin.

Je ne peux donc que recommander le Country House Peace de Brištane, idéalement situé proche du parc national !

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