Vendredi 22 avril 2022

23km, 1h45.

Parc national Krka, Skradin.

J’ai fait plusieurs rêves cette nuit. Le dernier: j’arrivais à une sorte d’aéroport, un grand bâtiment d’où j’allais partir en voyage. J’y ai pris une petite chambre d’hôtel, géré par des Coréennes. À un moment une d’elle vient dans ma chambre pour remplacer mes chaussures; apparemment ils ont instauré un dresscode pour ceux qui veulent aller au bar. Je suis venu là en voiture, j’allais la parquer dans le stationnement long terme, lorsque j’ai demandé à Clémence si elle en aurait une utilisé pendant que je suis loin. Oui, du coup on va s’arranger. Elle prend aussi une chambre d’hôtel dans l’aéroport, meilleure gamme que moi, la plus grande chambre, au sous-sol. C’est comme une ancienne salle de yoga, large, pas si haute, sans fenêtre, des miroirs recouvrant entièrement trois des quatre murs. Je suis avec elle dans sa chambre, je m’exclame qu’il y a deux lits, que c’est incroyable, puis je remarque même qu’il y en a trois ! Clémence se lance sur un des lits, ventre au matelas, lâchant un soupir de fatigue, balançant par la même occasion ses jambes sur une partie de mon lit.

Plus tôt, je campais dans une toute petite forêt, plutôt une zone boiseuse, entourée de résidences. J’ai dormi dans ma tente, à mon réveil le matin je remarque des traces de deux gros animaux différents, et la moitié de ma tente est saccagée. C’est des sangliers, et l’autre trace est celle d’ours. Je rejoins une auberge de jeunesse avoisinante et tente de leur expliquer ou demander à propos du danger, mais personne n’a l’air intéressé, ce qui m’horripile quelque peu.

Bien dormi, le matin resté oisivement au lit à rembobiner l’action de mes rêves, me reposer encore, lire. Départ vers midi. Je ne sais pas trop si ça va ou si je me sens encore malade, en tout cas on essaie. Incertitude similaire dans le ciel: ils annonçaient pluie et orage, mais le ciel est bleu malgré un méchant cumulonimbus qui a bien l’air de préparer un coup à l’horizon.

Ça fait énormément plaisir de reprendre le vélo. J’arrive au parc naturel Krka. Sur leur site, ils vantaient des centaines de kilomètres de pistes cyclables. Il se trouve qu’il y a une barrière, une réception, une caisse même, il faut payer, et les bicyclettes c’est interdit. Il faut descendre en louer à l’intérieur du parc, et encore en cette saison on n’est pas sûr que ça soit possible. Bon. Je laisse mon vélo et je prends un ticket de passage, on va faire ça à pied. Là, je me trouve à l’entrée Skradinski buk, au sud du parc. Vue magnifique en descendant jusqu’à la rivière, on y voit cette dernière engouffrée dans un cirque de montagnes, momentanément transformée en apparent lac, avant de devenir cascades à foison dans une pétante verdure. Waouh ! On comprends pourquoi le comitat a voulu sauvegarder ça avant qu’il ne soit trop tard. Promenade sur des pontons intelligemment aménagés, les oreilles se régalent du susurrement mélodieux des chutes omniprésents, et les yeux de l’esthétique géniale de la Création. L’eau est immanquable, et la végétation a trouvé mille moyens de pousser parmi les coulées et tombées d’eau. Gallerie photo:

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J’ai été ravi d’apercevoir qu’une de mes plantes préférées, que j’avais découvert pour la première fois dans le jardin botanique de Sienne, pousse dans le parc: l’Orchis purpurea, avec son teint violet et ses paillettes miroitantes. Un délice !

Après la marche, je remonte vers l’entrée du parc. L’effort m’épuise, je me sens extrêmement fatigué, inflammé à l’intérieur du crâne, cette fois ça y est je les reconnais, les mêmes symptômes que mon long-covid, je ne peux plus le nier. La bonne nouvelle: la dernière vague était il y a plus de deux mois, elles s’espacent toujours, et elles sont toujours d’une vivacité moindre. Émotions engourdies, comme freinées ou atténuées, un brouillard qui plane juste devant l’esprit, m’empêchant de focaliser, de me concentrer, je n’ai plus d’attention et peine à me sentir bien, même avec des exercices de respiration. Je décide de m’arrêter à Skradin, joli village côtier tout proche. Bref rencontre avec Quirin et Xaver que je croise en route, deux frères Allemands qui font Munich-Istanbul en cinq semaines, à un rythme donc bien plus soutenu que moi. Ils pédalent pour récolter de l’argent pour Médecins sans Frontières, une belle cause.

Arrivée au chaud à 18h, exercices de respiration encore, ça n’aide pas tout de suite, mais plus tard ça s’améliore. J’en sais rien, on en sait rien, c’est le mystère du long-covid, les meilleurs experts du monde l’étudient depuis deux ans et ne le comprennent toujours pas. Ça va, ça vient, j’en suis pas souverain, le repos n’a jamais l’air de directement aider au rétablissement, même s’il est rendu obligatoire par l’affaiblissement du corps, et il n’y a qu’une chose qui peut le vaincre, c’est le temps. Et notre arme contre le temps, c’est la patience, plus grande des vertus, que je profite donc d’aiguiser grâce à cette expérience.

Juste avant de me coucher, tremblement de terre. On aurait dit qu’un gros camion passait juste à côté. Première fois que j’expérimente ça. Pendant les vingt secondes que ça a duré, je restais en alerte, plutôt amusé, à élaborer mon plan au cas où ça redoublait de force.

Le profil Instagram de Xaver et Quirin: https://instagram.com/bavarianbikebrothers

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