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Šibenik.
Aujourd’hui ça va mieux. Le persuasif brouillard mental s’est levé de mon esprit et je peux de nouveau ressentir les choses, véritablement les vivre plutôt qu’en témoigner lointainement. J’aurais pu annoncer mon départ pour demain, mais voilà, les proches me recommandent une journée de repose supplémentaire. Je me résigne, mais facilement, dans le passé j’ai redémarré trop vite pour rechuter, je sais que la sage décision est de forcer le repos. Je reste donc un jour de plus et c’est décidé, le surlendemain je repars, et d’ailleurs j’en ai bien besoin, mon derrière se repose trop et le (in)confort de la selle lui manque.
Dans l’après-midi, j’en profite pour visiter un peu mieux la ville. Charmant petit bourg fortifié construit sur une pente littorale (véritables flashbacks de Lausanne) dans une oblongue baie au mince canal d’échappement, Šibenik est la plus vieille ville native croate de la côte adriatique. Entre les murs, dédale de rues aux allures organiques, de pavés polis et de murs de pierres blanches, et nombreuses églises disséminées qui semblent jouer avec moi à cache-cache, apparaissant spontanément et inopinément après un coude serré ou le passage d’un escalier désinvolte, style gothique, renaissance, ou les deux, il y en a pour tous les goûts. Beaucoup de petits détails ornementaux, sur les églises aux portes en bois ou aux corniches, ou sur les murs, et partout toujours cette couleur de pierre blanche et pure. Il y a réellement quelque chose avec la cohérence visuelle de cette ville; à chaque croisement elle nous donne envie de dégainer nos réflexes, automatiquement, impudiquement, de saisir a ainsi son charme mais c’est souvent un traquenard: impossible de réellement attraper sa beauté dans un simple cadre, il faut la voir avec un œil, ou deux c’est encore mieux, appareils grand angle avec profondeur de champ intégré et balance des blancs instantané. C’est toute une douce richesse qui habite l’intérieur des anciens murs, sans pour autant nuir à une obligatoire vie un peu plus touristique qui s’est développée aux alentours de ceux-ci, en marge du port surtout: restaurants, bars, promenade, va-et-vient de yachts et de catamarans pour les fortunés vagabonds saisonniers des îles croates. Il y a aussi le fort, tout au-dessus, que je visiterai demain.
Sinon, à la maison, je cuisine, je lis, je n’écris pas beaucoup par contre. Encore un peu de dessin. Et j’écoute beaucoup de musique, surtout des sonates pour piano de Beethoven et Mozart, et leur analyse technique ou d’interprétation. Quelle chance a-t-on d’avoir tant de savoir gratuitement partagé accessible sur internet.