64km, 4h27.
Palit, Mišnjak, île de Pag, Šimuni.
Réveillé par le toquement à la porte pour m’inviter à prendre le petit-déjeuner avec Stéphanie et Lukas. Puis on descend nos bagages pour partir. Mais avant, règlement des dettes à la suisse: le prix de la nuitée est en fait divisé par trois, on a gardé la quittance de la pizza de hier après-midi, et l’addition avec les deux croissants de ce matin donne un montant que je dois régler immédiatement par… Twint ! Au milieu de ces dernières semaines d’échange, de dons et de partage, je retrouve cette caractéristique suisse qui calcule tout précisément et ne laisse rien passer. Un élément de ma culture dont j’ai hérité, mais que j’essaie définitivement et tant bien que mal de changer, de fuir. J’ai vraiment ressenti la froideur et la distance qu’a creusé cette manière de faire, et ne l’ai pas trouvée agréable, l’ai trouvée moins humaine.
Je les suis en début de journée. Je retrouve le méticuleux suisse: la route a été planifiée exactement, avec le passage au magasin DM pour acheter ses produits, à la boutique familiale qui vend des produits bio, le point pour faire les courses,… Rien n’est laissé au hasard. Même les billets de ferry sont déjà achetés, en ligne. Après avoir quitté l’île de Rab et rejoint la terre ferme, on se quitte; eux montent au parc national Velebit, moi je descends le long de la côte.
Aujourd’hui est la première journée où j’ai roulé entièrement en short et t-shirt ! Il fait carrément chaud. Je pédale une vingtaine de kilomètres puis reprends un ferry pour une autre île, celle de Pag. Là, je trouve un paysage entièrement rocheux. Le soleil tape fort, je sue de tout mon corps, je me sens tellement bien à m’atteler à cette tâche qui est de pédaler et pédaler en sachant que chaque coup de jambe et un petit pas de plus dans la direction de l’Inde. Un panneau nous indique que cette route et son paysage sont utilisés pour tourner des spots publicitaires de voitures automobiles.
Après être passé sur l’autre versant de l’île, je découvre un paysage sec qui ondule vers le lointain, contenant des pâturages séparés par des murs de pierre qui délimitent des rectangles à perte de vue.
En fin de journée, je commence à demander aux locaux un endroit où planter ma tente; quelques insuccès, puis je suis mené à une plage, on me dit qu’hors-saison, ça ne dérange personne malgré les interdictions officielles. Je trouve le coin qui me plaît le plus. La plage est dure, je ne peux pas planter les sardines et utilise des pierres pour les tenir au sol. Je cuisine de la polenta puis me promène dans les environs.