Samedi 7 mai 2022

55km, 3h36

Dubrovnik, Gruda.

À mon grand bonheur, il ne pleut pas à mon réveil, et le vent à même eu le temps de complètement sécher la toile de ma tente. Pliage, petit-déjeuner, entretien du vélo, puis je reprends la route pour l’ancienne capitale de la république de Ragusa.

L’île la plus au sud de la Croatie, Koločep, dans l’archipel inhabitée d’Elaphiti.
Sud de la côte dalmatienne.

La vieille ville de Dubrovnik est réservée au piéton, interdit donc de passer les portes à vélo. Je cherche et une solution et le restaurant Sésame accepte de garder un œil sur ma bicyclette et mes sacs. Équipé de mon sac à dos, coiffé de ma casquette et armé de mon appareil photo, je passe la porte de Pile et longe la grande rue historique Stradun pour arriver au vieux port où je sors un des Ragusa de mon sac à dos pour le déguster, ici dans la ville anté-éponyme. Cathédrales, palais Sponza. Je prends trois boulés de glace chez Gianni: noix de coco et basilique, citron gingembre, lavande miel. Des mélanges de parfums originaux qui font jouir de couleurs mes papilles gustatives. J’explore ensuite la ville en prenant des petites ruelles perpendiculaires, m’approche des remparts, redescends. Toute la ville est pittoresque, et elle est placée dans un joli décor méditerranéen, bordée des montagnes et de la mer.

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J’ai décidé de ne pas trop m’attarder dans la ville, je reprends donc le vélo et sors de la ville par une vieille route fermée tout près de la mer.

Conseil du jour pour ceux qui ont en besoin.
Dubrovnik, son mur, son vieux port.
Côte croate.
Côte croate.

La région au sud de Dubrovnik est très belle et plus calme. Je commence à chercher un endroit où dormir. À la sortie de Gruda, je vois une maison qui a une atmosphère sympa, avec une dame dont le visage rayonne de joie et de bonté qui arrose les fleurs du jardin. Je lui demande si je peux planter ma tente dans l’herbe, et elle me répond immédiatement oui avec un sourire accueillant. Elle me présente son mari, et sa fille, Antonela, puis la partie inférieure de la maison, qui contient le garage ainsi qu’une pièce qui fait office de point de passage en rentrant du jardin et des champs pour ne pas salir l’étage supérieur qui contient le salon, et qui contient une cuisine, une table à manger, des toilettes et d’ailleurs aussi un canapé, sur lequel ils me proposent de dormir, ce que j’accepte volontiers. Je suis servi d’une soupe de haricots aux pâtes pendant que la maman me présente fièrement les photos des équipes de football des pères et fils de la famille, qui sont dans le sport depuis des générations. D’ailleurs, les amis de son mari se retrouvent plus tard ici pour regarder des matchs à la télévision. On discute de la guerre, qui s’est passé il y a seulement une trentaine d’année. Étant si proche de la frontière, leur maison a été complètement ratissée et brûlée par les Monténégrins lors du siège de Dubrovnik par l’armée yougoslave. Plus aucune de leur possession ne restait à la fin du conflit, et ils ont dû rebâtir la maison et recommencer à vivre à partir de zéro. Antonela me parle du coût de la reconstruction, et de la dette financière, qui est toujours en train de les rattraper depuis le passé et de les tirer en arrière. Les récits et témoignages si direct me donnent l’impression que la guerre était si proche, physiquement comme temporellement, même si je n’étais pas encore né à cette époque. Après avoir mangé, Antonela m’invite à la promenade du chien, Marty, un vieux labrador. Sur les routes dans un paysage uniquement éclairé par une demi-lune dans le ciel, elle me raconte son travail et son évolution dans l’aéroport, où elle a appris au fil des années à reconnaître l’origine d’une personne à son accent, puis sa physionomie et même juste à sa silhouette. Elle est très curieuse. En parlant de religions, elle me fait remarquer qu’en Suisse, on est ouvert et international, et qu’on ne sait donc plus quoi penser et en quoi croire. Retour dans la maison. À vingt-deux heures, Antonela descend un plateau de tisanes de thym cueilli au jardin. Elle fait cela tous les soirs, c’est une tradition de famille portée depuis plusieurs générations, et l’on boit le thé à la table avant de tous aller nous coucher.

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