25km, 1h55.
Piraeus.
Du centre historique jusqu’au Pirée se trouve une des rares pistes cyclables de la Grèce, agréable pour rejoindre le port. Le ferry part à 14h30.
On longe un énorme bateau cargo qui porte des centaines de containers tous de la même taille et de la même forme, dont la seule variante est la couleur. La plupart portent les grosses lettres « Evergreen ». Je ne peux débuter d’imaginer toutes les marchandises que contient ce seul bateau, leur lieu de provenance, le voyage qu’ils ont fait jusqu’ici et le chemin qui leur reste à accomplir jusque dans les mains de leur destinataire. Une vue qui est le témoignage d’une prouesse logistique inimaginable du système, un véritable miracle d’organisation qui s’épanche jusqu’à loin dans la société et requiert ultimement le travail de millions de petits humains. Je ne peux pas m’empêcher d’être effrayé en imaginant le coût écologique de cette opération auquel je fais part, moi consommateur d’un pays industrialisé. Lorsque l’engin est assez loin et que la vue s’est ouverte de nouveau, on remarque des dizaines d’autres bateaux de différentes sortes, qui attendent patiemment leur passage au Pirée. Tous alignés dans la même direction par l’effet du vent, on croirait voir une de ses photos de scène de guerre, les navires près à débarquer. Une sorte de guerre ça l’est véritablement, contre l’environnement. Tous ces bateaux sont déposés sur l’eau azur dont l’horizon coupe la scène du paysage en deux. Au-dessus, des montagnes se prolongent sur toute la ligne, et Athènes déborde de partout, des maisons de couleur blanche qui s’étalent et s’étalent. Devant cet arrière-plan, le nuage de fumée ingrat que notre ferry dégage, d’un brun industriel. Et tout cela pendant que la machinerie qui nous déplace produit un boucan d’enfer dont les décibels devrait être interdit. Je ne me sens pas bien dans un milieu comme cela, je questionne mon choix d’avoir pris le ferry. Penché au-dessus d’une carte, ce chemin me semblait sympa et pratique, pour assurer aussi une continuité dans mon déplacement, sans devoir repasser par Corinthe. Et dire que j’ai aussi choisi de prendre le ferry pour la Crête…
Sur le ferry, je revois le couple de jeunes Français de l’auberge. Arrivée à Methana. Bain de souffre dans la mer.
En suivant la côte, je découvre une plage où le camping est toléré: plusieurs vans y sont parqués. Je décide de passer la nuit ici. Rencontre un couple de Français qui viennent de vendre leur bateau à voile dont le moteur a cassé, et ils ont spontanément acheté un van pour continuer leur voyage. Du coup, ils ont plein de vivres et me donnent des légumes