73km, 4h12.
Sarandë, Ksamil.
Matinée tranquille à dire les adieux et les au revoir, puis je repars à mon heure favorite de la journée, midi, parfait pour cramer sous le soleil de plomb en plein milieu de la vallée Drino, que je continue donc de longer vers le sud sur une trentaine de kilomètres. Étonnamment et inexplicablement, je ne trouve pas le pédalage si difficile aujourd’hui dans ces conditions difficiles. Pain-fromage devant un petit supermarché avant d’attaquer le petit col qui va me sortir de la vallée direction la mer.
Sur le chemin, je m’arrête au Blue Eye, une source d’eau karstique devenue une attraction touristique incontournable de la région. C’est en effet incroyable de voir l’eau véritablement apparaitre du sol de la montagne, de sortir de la terre et de commencer à couler en formant une rivière. Source de pureté, symbole de vie. Un spectacle accompagné de belles couleurs bleues, vertes, turquoise dans un cadre idyllique de nature verdoyante. Il y a des libellules bleu foncé brillantes partout.
Après, je continue, très beau paysage et belles montagnes, et j’arrive à Sarandë, ville dont j’ai beaucoup entendu parlé par les autres voyageurs et qui semble être un point de passage de tous les guides touristiques. Mais c’est une ville simplement balnéaire, sans grand intérêt pour moi, je repars donc rapidement pour Ksamil, à une dizaine de kilomètres au sud, d’où je pourrai partir visiter Butrint demain. Ksamil est plus petit, plus calme, même si ça reste une ville où les touristes affluent en été pour profiter des plages privées et des restaurants surtaxés. Je trouve un petit appartement qui a tout ce qu’il faut pour dix-sept euros la nuit. Ça fait des jours que je mange de la nourriture traditionnelle albanaise, et mes papilles gustatives réclament désespérément du nouveau; je cherche donc des pâtes sur la rue principale. Je passe devant Just Simple, un petit bar à l’ambiance bien sympatoche où mixe un deejay. Après avoir mangé un peu plus loin, je repasse devant le même bar et m’arrête pour sentir le vibe et prendre l’atmosphère. J’ai peut-être l’air un peu béat, j’observe là, curieux, avec une envie de m’approcher mais une crainte sûrement complètement désillusionnée de potentiels jugements que pourrait valoir une approche en solitaire d’un endroit qui a l’air si cool lorsqu’un gars me fait signe de le rejoindre et je vais m’asseoir à côté de lui, et j’apprends qu’on est sur le banc des vip avec la copine et les amis du deejay. On boit un peu, puis on danse sur la musique, qui doit malheureusement terminer à minuit, faute de la loi. La plupart des gens s’en vont, mais vingt minutes plus tard, le deejay s’y remet, crie « fuck police » et dans un tonnerre de félicitations on se remet tous sur la piste de danse, exaltés par l’interdit et la sensation de club privé. L’ami du deejay, un albanais, me parle de liberté et d’argent et d’acceptation des autres et leurs différences. J’apprends qu’ils vont tous aussi au Element Festival. La musique s’éteint finalement vers deux heures et demie.