Jeudi 17 mars 2022

0km

Burella.

Réveil vers 9h, je descends et dis bonjour à Emanuela dans la cuisine. Je me fais un œuf brouillé et le mange avec du pain beurré. Elle me dit aussi de finir le reste de bodino. Je n’hésite pas à manger beaucoup pour compenser toute l’énergie dépensée à vélo. Elle a aussi une boîte à thé, et je prépare un thé vert chinois. On continue les discussions de hier.

Elle m’explique que sa maison ainsi que toutes les autres dans le village, ont été construites il y a environ 150 ans. Chaque maison avait une partie habitable – dans laquelle on se trouve maintenant -, et un fienile accolé, où était entreposé le foin. Le fienile a donc toujours une ou plusieurs larges trous dans le mur, d’où les paysans prenaient et donnaient le foin. Comme l’ajout de fenêtres est réglementées lors de la rénovation d’une ancienne maison, les gens cherchent des fienile pour transformer ces trous en grandes baies vitrées. Emanuela est actuellement en train de faire la rénovation du fienile de sa propriété; elle a déjà lié les deux bâtiments en mettant une porte là où était le mur, et elle compte créer une nouvelle chambre à coucher dans le fienile.

Il y a deux ans, pour promouvoir la restauration de ces vieilles maisons qui tombent en ruine, le gouvernement italien a mis en place un système qui permet à un propriétaire de se faire rembourser 50% des coûts des rénovations après 10 ans, jusqu’à 90’000€. Dans des cas spéciaux, ces prêts peuvent même aller jusqu’à 150’000€ avec 110% de remboursement! Souvent, c’est une banque qui va prendre les 10% et le propriétaire pourra faire des rénovations à un coût nul. Toute l’Italie s’est mise à rénover des maisons, et le gouvernement n’a pas pu suivre la demande financièrement, ce pourquoi cette loi va bientôt être revue.

Elle m’explique les finances de sa maison, la recherche dans la région qui a duré deux ans, comment elle a négocié avec l’ancien propriétaire et les coûts de rénovations actuelles. C’est dingue comme chaque petite chose est réglementée. Quoi qu’il en soit, ça l’air d’être un projet fantastique.

Elle m’apprend l’existence de WorkAway.info, un site qui met en relation les personnes qui cherchent des volontaires pour du travail à la maison, et les personnes qui cherchent à être logés et nourris en échange. Je suis étonné de ne jamais avoir entendu parler de ce site. Il y a de tous les travaux: aide ménagère, au jardin, enseignement, garde d’enfants, agricultures, construction de maisons off-grid, etc. Le site est bien fait: il y a la durée minimum demandée, le type de logement offert, les avis des autres utilisateurs,… Fantastique! Emanuela a accueilli des gens chez elle comme cela, pour s’occuper du jardin ou peindre les meubles de la maison: les chaises de la salle à manger sont décorées par une jeune Norvégienne, ou une femme d’Afrique du Sud. Elle même, lorsqu’elle voyageait, utilisait WorkAway ou le Whoofing. C’est ainsi possible de voyager pour rien du tout, et si facilement de nos jours. Elle a beaucoup d’histoires à raconter. Notamment celle de ce Suisse de Fribourg qui revenait il y a deux semaines d’un tour à vélo qui a duré six ans. Lui faisait le chemin par chez Emanuela dans le sens inverse et était à quelques jours de la fin de son voyage.

Après toutes ces discussions, on se rend compte qu’il est 13h et Emanuela me propose de rester une nuit de plus. J’accepte volontiers, car une nuit litée est la bienvenue et j’adore passer du temps avec elle. On prépare une salade de carottes, betteraves et choux, et des pâtes à la sauce tomate. Le fond de la casserole est raclé avec du bon pain croustillant pour la laisser toute propre. Après ça, j’ai voulu faire une promenade et elle m’a demandé si je voulais qu’on la fasse ensemble. On est donc sorti, malgré le temps mitigé. Le ciel était blanc mais la lumière forte et diffuse. On a fait un tour de la municipalité, Montecrestese. Son village, Burella, a actuellement 13 habitants, tous des gens dans des maisons rénovées. Les autres bâtiments sont en ruines, et le village a un charme incroyable. Les ruelles sont juste assez grandes pour faire passer les ânes ou les bœufs, et créent un dédale entre les habitations, tout a un aspect très organique, les différents éléments sont entremêlés d’une manière sophistiquée mais naturelle et esthétique: des escaliers qui montent dans tous les sens, des portes par-ci par-là, un petit chemin pavé qui s’échappe d’un côté, des arches, fontaines, petits ponts ou passage, etc. La végétation est lentement en train de reprendre le dessus.

On monte jusqu’à Naviledo, où je prends des photos. Elle me montre la maison à la fin de la rue, en vente mais que personne ne veut acheter car elle serait hantée. Plusieurs reports de personnes qui y vont et sentent des mauvais esprits. C’est dommage car son fienile a quatre trous dans le mur qui feraient un excellent salon. On passe ensuite dans la forêt. Il faut bien connaître son chemin pour ne pas s’y perdre. Je dois avouer que c’était une forêt très belle et que s’il existait une notation des forêts, celle-ci recevrait un cinq étoiles de ma part ainsi qu’un « 👌🏻 ». Au retour, on croise Bernard, pelle à la main, en train de planter ses patate et ses cipolle dans un petit coin de son jardin. Il est Suisse à quelques mois de la retraite et habite maintenant ici. Il me promet des patates si je repasse lors de mon chemin de retour d’Inde.

Cette visite m’a donné envie de m’installer moi-même ici. Rénover une petite maison, y installer mon piano, m’occuper du jardin. Que faut-il de plus? J’ai envie d’emmener mes amis ici et leur montrer toute cette beauté qu’Emanuela a partagé avec moi.

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Le soir, on mange de la raclette. Emanuela adore ça. Pour la préparer sans machine dédiée, elle coupe plusieurs patates à plat sur une assiette, les enrobes d’huile d’olive et d’un peu de sel, puis dépose le fromage dessus avant de mettre le tout au micro-ondes pour deux minutes. Elle a aussi préparé des pâtes à une sauce à l’haricot rouges et à la patate. Tout est trop bon. Le bœuf du voisin passe nonchalamment devant la fenêtre, il fait apparemment sa petite promenade tous les soirs pendant quelques heures. J’ai passé la journée entière à parler avec Emanuela et mes batteries sociales d’introverti sont complétement à plat. À 22h, avant d’aller dormir, je sors me promener dans le village quelques minutes. Je suis surpris que ça soit éclairé. Il y a un air lugubre, et soudainement un chien aboie, je ne sais d’où mais tout proche, et je décide de rentrer, le cœur palpitant.

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